Selon le Registre de l’ONU sur les armes classiques [1], les pays européens, et notamment ceux de l’Europe de l’Est, sont demeurés, au cours de l’année 2013, parmi les principaux fournisseurs d’armes des États africains. Ayant fourni cette année-là plusieurs hélicoptères et avions de chasses, des centaines de véhicules de combat et d’armes lourdes, ainsi que des milliers d’armes légères, l’Ukraine et la Russie figurent parmi les principaux armuriers de l’Afrique. Tandis que le Royaume-Uni a continué d’approvisionner le Rwanda, l’Afrique du Sud et l’Egypte, l’artillerie et les tanks chinois ont séduit plusieurs États africains. La Bulgarie, ainsi que la Roumanie, la Serbie et la Turquie, ont également profité du marché africain pour effectuer d’importantes ventes à la République Démocratique du Congo, au Mali, à la Guinée Équatoriale, à la Libye, au Nigeria, au Congo et au Burkina Faso.
Cependant, il faut souligner que ces données sont très incomplètes. En effet, concernant l’année 2013, seuls 34 Etats ont transmis à l’ONU un relevé de leurs importations et de leurs exportations d’armes. Aussi, si l’on compare les données du SIPRI [2], un institut de recherche sur la paix basé à Stockholm, à celles du Registre de l’ONU, on se rend compte que, si trois des six principaux exportateurs d’armes vers l’Afrique – la Russie, l’Allemagne et l’Ukraine – ont bel et bien rentré leur déclaration, les trois autres – la Chine, les Etats-Unis et la France – n’ont pas eu la délicatesse de se conformer aux recommandations de l’ONU. Les données du SIPRI, portant sur la décennie 2004-2013, révèlent également que trois Etats accaparent pratiquement les deux-tiers des importations d’armes du continent : l’Algérie, l’Afrique du Sud et le Maroc. Parmi ceux-ci, seule l’Afrique du Sud a participé à la dernière édition du registre onusien.
Si le Registre de l’ONU sur les armes classiques demeure un outil irremplaçable, sa participation sur base volontaire en fait sans doute sa plus grande faiblesse. Il est piquant de noter que des pays volontiers donneurs de leçons en matière de transparence dans les transferts d’armes – par exemple la France, le Canada et la Belgique, pour se limiter à la sphère francophone – ne participent pas plus à ce registre que des Etats comme la Corée du Nord ou l’Iran, où le « secret défense » englobe toute forme de transfert d’armes. Il est à espérer que l’outil de rapportage prévu par le Traité sur le commerce des armes, qui doit entrer en vigueur avant la fin de l’année, palliera à ces insuffisances et permettra une plus grande clarté dans ce domaine sensible.
Source : European countries were major arms suppliers to Africa in 2013 [3], defenceWeb.
Pour plus d’information sur le sujet, voir le rapport du GRIP Transparence en matière de transferts d'armements - Quelles responsabilités pour les États ? [4]