Burundi : La Ligue Iteka interdite !

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Ce 3 janvier, la Ligue Iteka, membre depuis de nombreuses années du RAFAL et une des plus anciennes organisations de la société civile burundaise, a été « définitivement radiée de la liste des Associations sans but lucratif (ASBL) œuvrant au Burundi » par le ministère de l’Intérieur. Cette mesure fait suite à une suspension prononcée le 24 octobre 2016. La Ligue était accusée, de même que d’autres associations burundaises, de « mener des activités qui ne sont pas en conformité avec leurs objectifs consignés dans leurs statuts mais qui sont plutôt de nature à perturber l’ordre et la sûreté de l’État ». 

Cependant, la goutte qui semble avoir entraîné cette mesure extrême est la publication, en novembre 2016, d’un rapport sur l’état des droits de l’homme au Burundi, intitulé Répression aux dynamiques génocidaires et coécrit avec la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH). Ce rapport dénonce la responsabilité des forces de sécurité dans la mort de plus de 1.000 personnes depuis 2015, l’existence de 8.000 prisonniers politiques et l’exil forcé de plus de 300.000 Burundais, essentiellement dans les pays voisins.

Depuis la campagne électorale ayant abouti, en juillet 2015, à un troisième mandat – non constitutionnel – du président Nkurunziza, les opposants et une grande partie de la société civile burundaise subissent une vive répression. Plusieurs membres du RAFAL ont dû suspendre leurs activités et leurs dirigeants ont souvent choisi l’exil pour éviter d’être arrêtés ou de connaître un sort encore plus tragique. La Ligue Iteka – qui avait choisi de rester et de continuer son action – avait elle-même été affectée par la disparition de sa trésorière, qui n’a plus donné signe de vie depuis décembre 2015.

Sources : Jeune Afrique, site de la Ligue Iteka.

Photo : Marie-Claudette Kwizera, trésorière de la Ligue Iteka, disparue depuis son arrestation, le 10 décembre 2015 (© FIDH)