Réformer les services de sécurité, un débat toujours d’actualité

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Est-ce que la réforme du secteur de sécurité (RSS) pourrait contribuer à changer les sociétés d’Afrique de l’Ouest ? Telle est une des questions qui a émergé lors d’un Laboratoire d’apprentissage sur la gouvernance et la réforme du secteur de la sécurité en Afrique qui s’est tenu les 26 et 27 avril 2016 à Dakar. Co-organisé, en collaboration avec l'Open Society Foundation (OSF), par le Réseau africain pour le secteur de la sécurité (ASSN) et le Centre de Genève pour le contrôle démocratique des forces armées (DCAF), cet atelier visait à dégager des pistes de réflexion sur les enjeux associés aux politiques de RSS et les biais constatés, ainsi qu’à formuler des propositions en vue de l’amélioration des activités dans ce domaine. 

La RSS a pour objectif immédiat de restaurer des structures du pouvoir et de renforcer des appareils de sécurité étatiques. Au-delà, il s’agit de dresser les fondations d'un État démocratique garant de la sécurité territoriale et humaine, et de contribuer au développement et à la démocratisation du mode de gouvernance des sociétés. Or, et c’est le constat établi par les experts réunis à Dakar, la pratique actuelle illustre des biais considérables en faveur d'objectifs sécuritaires et de court-terme qui, notamment indexés aux impératifs de performance, vont à rebours de l’approche progressive et intégrée nécessaire à leur succès.

A partir d’une série de documents de travail élaborés à cette occasion, les experts du Laboratoire ont procédé à divers éclairages et formulé un certain nombre de recommandations :

  • Il est d’abord rappelé que la sécurité comprend plusieurs versants, à la fois militaire et civil, mais aussi politique, économique et social. Cela implique donc la mise en place de structures de dialogue et de coopération entre les divers acteurs (institutionnels, traditionnels, publics, privés...) impliqués de facto dans les stratégies et les programmes de mise en œuvre des politiques de RSS. Une telle approche inclusive et participative est donc présentée comme un prérequis à la légitimité et l’efficacité des activités de RSS. 
  • Les experts réunis lors de cet atelier insistent par ailleurs sur les lacunes en matière d’appropriation locale et de prise en compte du contexte et des particularismes locaux. En effet, la légitimité et partant, les facultés régulatrices et la qualité de la gouvernance sécuritaire d'un État, ne résultent pas de ses seules structures ni de la seule formation de ses forces de sécurité. Elles sont le fruit d'une adhésion collective et démocratique à un modèle de société auquel la population souhaite participer et appartenir. Les contributeurs réaffirment donc l’absolue nécessité d’inscrire la société civile, dont l’implication s’avère essentielle à l’ancrage et l’appropriation de nouvelles normes et pratiques, au cœur du processus décisionnel et des activités de RSS. 
  • Enfin, les contributeurs accordent une importance toute particulière à la compréhension de la structure « hybride » de la sécurité en Afrique. Visant à prendre en compte la nature hétérogène de l’espace politico-social africain – fondu dans des structures et des dynamiques à la fois locales et régionales, formelles et informelles... – le concept d’hybridité se trouve au cœur des réflexions contemporaines sur les politiques de RSS (NK).

Pour poursuivre la réflexion :