La Commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre (CNLPAL) du Mali a organisé, du 12 au 14 février 2014, un atelier de validation du Plan d’action national 2014-2018 de lutte contre la prolifération et le trafic illicite des armes légères et de petit calibre (ALPC). Cette lutte est une exigence en conformité avec la Convention de la CEDEAO sur les ALPC et le Programme d’action des Nations unies visant à prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des ALPC sous tous ses aspects. Elle est surtout une urgence dans le contexte fragile du pays, pouvant contribuer à prévenir les conflits et à consolider les acquis en matière de paix et de sécurité.
Le Mali demeure un carrefour ouvert aux trafics de toutes sortes. Si les circuits passant par le désert demeurent les plus connus, il existe d’autres voies de pénétration du trafic d’armes via le sud du pays, notamment le long de la frontière avec la Guinée. Les trafiquants d’armes ont implanté des réseaux bien organisés recourant à de multiples astuces pour faire circuler des armes dans le pays, notamment à la faveur des marchés. Une des pratiques consiste à faire passer les armes sous forme de pièces détachées avec la complicité de certaines femmes commerçantes. La modicité du prix des armes en facilite également la détention par de simples citoyens. Un pistolet s’achèterait à 5000F CFA (8 euros) dans la région de Tombouctou. Si certains citoyens acquièrent des armes pour se protéger, d’autres en revanche le feraient pour bénéficier d’indemnités en cas de recensement ou pour pouvoir se faire prendre en compte dans des projets de reconversion.
Le Mali serait par ailleurs le principal producteur d’armes artisanales dans la sous-région, selon la responsable de CNLPAL, le Médecin Général de Brigade Coulibaly Kani Diabaté. Rien qu’à Bamako, il y aurait une cinquantaine de fabricants d’armes traditionnelles. Nombre de ces artisans travaillent en dehors de tout contrôle. Bien que le Mali se soit doté de sa Commission nationale depuis novembre 1996, cette dernière ne dispose toujours pas d’un budget de fonctionnement et dépend des soutiens ponctuels des partenaires extérieurs. Les urgences restent multiples et portent sur l’encadrement de la fabrication artisanale, l’enregistrement, la gestion des stocks qui ne répondent à aucune norme.
Photo: Remise des armes à la délégation de la Commission Nationale de Lutte Contre la Prolifération des Armes Légères [1] dans l'Arrondissement de Soye à Mopti.